Ah l’éternelle question ! Sauter un repas fait-il réellement maigrir ? 

Il est commun de raisonner logiquement, avec un repas de moins dans la journée, j’avale 1/3 de calories en moins, alors je perds du poids. Eh bien, c’est en réalité plus complexe que cela ! Certes, un apport calorique inférieur vous fera mincir, cependant, il est important de réfléchir sur le long terme…

Sauter un repas n’est pas toujours la solution. Tout d’abord, vous risquez de manger beaucoup trop gras ou trop sucré au repas suivant, et ce, en augmentant les quantités. C’est inconscient, mais c’est souvent ce qui se produit. Ensuite, la réaction naturelle de votre corps à cette « disette », sera le stockage.

Par conséquent, si vous mangez double sous prétexte que vous avez sauté un repas, votre ligne n’appréciera pas forcément.

Calories/index glycémique

Depuis quelques décennies, nous avons l’habitude de compter les calories, au lieu de nous référer à un point crucial : l’index glycémique (le taux de sucre dans le sang).

Avoir une glycémie stable est important. Si vous vous retrouvez complètement à jeun, toute la matinée, et si vous ne vous contrôlez pas au déjeuner, il y a des chances pour que vos efforts soient réduits à néant. Eh puis nous le savons bien, suite à un repas trop copieux, nous avons tendance à somnoler…

Je ne vous dis pas qu’il est obligatoire de prendre un petit-déjeuner. Si vous n’avez pas faim, inutile de vous forcer. Il faut savoir écouter son corps. Il n’y a pas de règle en la matière, car nous sommes tous différents et le métabolisme réagit de façon variée en fonction de chacun.

Par exemple, il peut être intéressant de prendre un en-cas à 10 h ou 10h30, en fin de matinée quand vous avez faim, d’écouter cette faim-là et d’y répondre plutôt que d’attendre, de vous priver et de vous jeter goulûment sur votre déjeuner.

Le jeûne intermittent

Cette pratique ou cette habitude de vie revient à sauter un repas, puisque le système digestif est mis au repos pendant au moins 16 heures. En général, c’est le petit-déjeuner ou le repas du soir qui est sauté. Cela dépend de ce qui est le plus simple pour vous.

De mon côté, il m’est arrivé de le pratiquer en prenant mon dîner du soir et en ne mangeant rien jusqu’à 13 heures le lendemain. Je dirais qu’il ne faut pas se forcer, si vous n’avez pas forcément faim le matin, ce sera facile pour vous et cela deviendra une habitude. Ne le faites pas pour maigrir, faites-le en premier lieu, pour votre santé (l’organisme se régénère pendant 16 heures). Ensuite, si vous observez une perte de poids, eh bien tant mieux !

Alors, si vous voulez vraiment entrer dans la philosophie du jeûne intermittent, pourquoi pas, allez-y. Si vous vous sentez plutôt de sauter le repas du soir et que vous adorez les petits-déjeuners, c’est même encore mieux, puisque l’on digère davantage durant la journée que durant la nuit. En revanche, si cela demande un trop gros effort de sauter un repas, je vous déconseille de le pratiquer, car s’il y a frustration, rien ne pourra fonctionner.

L’importance d’écouter son corps

Aujourd’hui, mon rapport à l’alimentation et d’écouter mon corps, écouter ma faim, et le faire intelligemment, avec quelques règles de base. L’important sera d’apprendre à identifier vos sensations de faim, de savoir si vous mangez par gourmandise, par exemple, ou à cause d’une émotion.

Selon le docteur Chozen Bays, il existe sept types de faim : la faim des yeux, du nez, de la bouche, de l’estomac, la faim des cellules, la faim de l’esprit et celle du cœur.

Parmi celles-ci, seule la faim des cellules, selon le docteur Bays est la véritable faim, celle dont notre corps a vraiment besoin.

À travers cette approche, vous pouvez vous interroger sur l’origine de votre propre faim.

À titre d’exemple, lorsque vous venez de manger et que vous vous trouvez à côté d’une boulangerie aux douces effluves de pain et de viennoiseries, c’est peut-être la faim du nez qui se manifeste en vous. Vous n’avez plus de réelle sensation de faim, c’est seulement les senteurs qui créent une pulsion.

De même, si vous passez devant la vitrine d’un fromager, tout d’un coup, vous rêvez d’une bonne raclette, c’est seulement votre vue qui stimule vos sens. Il faut savoir l’identifier et passer outre.

Il est particulièrement intéressant de prendre le temps de sentir d’où provient votre faim, quelle est la partie de vous qui appelle à manger ? Plus vous distinguez cette nuance, plus vous différencierez la faim physique de la faim émotionnelle.

Pour être plus attentif à ces sensations-là, le secret sera de prendre le temps de manger en conscience.

Cela veut dire, à chaque repas s’asseoir, prendre le temps de mâcher chaque bouchée, de respirer et de vous poser cette question : qui a faim en moi ici et maintenant ? Mes yeux, ma bouche, mes émotions ? Vous me direz qu’il n’est pas évident de raisonner à chaud. Par exemple, lorsque quelqu’un nous a fortement énervé, à ce moment-là, difficile de refuser un bon gâteau. Cependant, si vous êtes sensibilisé à ces facteurs et que vous avez pris l’habitude d’identifier vos sensations, il sera plus simple le moment venu de faire face aux tentations.

Un autre docteur, le docteur Zermati a réalisé de nombreuses études sur le sujet de l’alimentation. Il dit souvent que le meilleur mangeur, est celui qui sait se réguler, c’est-à-dire celui qui mange uniquement lorsqu’il a faim (et pas par convention…). S’il a faim à 9 h du matin pour un sandwich et à 15 h pour une salade, finalement, il s’écoute et il s’autorégule, il ne mange que lorsque son corps réclame.

Un problème d’éducation ?

Il est dans notre culture, et dans notre éducation, de faire trois repas par jour : petit-déjeuner, déjeuner et dîner. Ceci nous a été inculqué dès le berceau, c’est tellement évident pour nous que personne ne remet cela en question. Et pourtant ! Certaines personnes n’ont pas faim à 8 heures, d’autres n’ont tout simplement pas tellement faim à 20 heures, mais accordent une importance au goûter de 16 heures. Nous sommes tous différents face à l’alimentation et c’est une bonne chose de savoir écouter son corps et non de manger parce que c’est l’heure…

Interrogez-vous sur vos besoins réels, les vôtres, pas ceux de votre conjoint ou de vos collègues de travail.

Le fait de manger en conscience peut aussi être appris aux enfants, dès le plus jeune âge.

Combien de fois nous a-t-on répété : « Finis ton assiette ! » ; « tu manges trop lentement », ou « On ne doit jamais sauter le petit-déjeuner »…

Finalement, si un enfant n’a plus faim, pourquoi le forcer ? Son corps lui réclamera de la nourriture au repas suivant. Nous oppressons ou sommes oppressés pour de simples raisons d’habitudes. Mais finalement savoir s’écouter, manger en petites quantités et manger lentement, n’est-ce pas bon ?

Dans certaines familles, manger en quantité est une habitude, et même une preuve de respect envers la personne qui a cuisiné. Résultat, combien de fois sortons-nous de table avec une sensation de lourdeur et une fatigue extrême. Reconnaître les signes de la satiété et savoir refuser une deuxième assiette poliment n’est pas si compliqué en réalité. On se sent tellement mieux ensuite !

Si nous sommes habitués à trop manger dès l’enfance, ces réflexes perdurent même à l’âge adulte. C’est à ce moment-là qu’interviennent les soucis.

Observez les bébés, ils ont un repère clair de satiété et de faim. Lorsqu’ils ont faim, ils pleurent et une fois la faim étanchée, ils tournent la tête et s’arrêtent naturellement. Ils ne mangent ni par gourmandise, ni par convenances.

Vous aussi, peut-être écopez-vous d’habitudes familiales qui vous ont poussé à manger en quantité, trop souvent, trop riche ou trop sucré… ? C’est pour cela qu’il y a en quelque sorte une éducation à refaire au niveau de l’alimentation. Heureusement, les habitudes peuvent être modifiées et font partie de votre vie, au bout d’un certain temps.

Bien évidemment, il faut écouter son corps, mais si votre enfant ne mange pas sa soupe et réclame deux desserts, il n’y a rien de bon à céder à ses caprices… En revanche, ne pas le forcer à finir s’il n’a plus faim est tout à fait acceptable.

De mon côté, j’essaie de leur laisser un certain champ d’expérimentation afin qu’ils puissent créer leur propre rapport à la nourriture et qu’ils ne se sentent pas contraints par la dimension parentale du repas.

Et vous, pourquoi mangez-vous ?

Elodie