L’anxiété et moi, c’est une longue histoire. L’anxiété, c’est une vieille amie. C’était déjà une amie de mes parents. Elle venait souvent à la maison, elle s’installait à notre table et elle venait me raconter toutes ces histoires anxiogènes. Des prédictions sur le futur. Les risques que j’allais courir. Le fait de faire attention à mon comportement, parce que si je faisais telle ou telle chose, il y aurait des conséquences terribles…

Une histoire d’amitié…

Quand j’étais petite, j’étais hypnotisée par l’anxiété. Je l’écoutais, je la croyais et elle me stressait beaucoup. Cela faisait de moi une petite fille anxieuse et angoissée. Plus tard, à l’adolescence, l’amie anxiété est revenue boire des verres à la maison. Elle a recommencé à tenir toujours les mêmes discours. J’en ai eu assez, et je l’ai chassée. J’ai essayé de l’enfermer dans un placard, de l’insulter… Je lui ai fermé la porte dans mes années rebelles… Mais elle est revenue!

Elle est revenue avec beaucoup plus de force. C’était à l’époque où je suis devenue maman. J’avais tant d’interrogations dans cette nouvelle vie de mère,  à gérer un petit bébé ! Alors, mon amie l’anxiété est revenue. Elle m’a angoissée. Je suis devenue stressée au sujet de la maternité, de l’éducation… J’étais tellement obnubilée par cette anxiété que finalement, elle s’est installée chez moi. Cette amie-là a pris beaucoup de place dans ma vie.

Elle a pris tellement de place qu’elle est devenue moi-même. J’étais devenue anxieuse. C’était devenu mon identité. Je n’arrivais plus à me défaire de cette anxiété. 

Changer de rapport à l’anxiété

On ne peut pas avoir un rapport sain avec une partie de nous-mêmes si celle-ci nous hypnotise. Dans ce cas, soit on se définit comme tel, soit on la rejette complètement. Or, plus on nie l’anxiété, plus on cherche à l’évincer, plus elle revient en force.  

Aujourd’hui, je pense avoir un rapport sain avec l’anxiété, tout simplement parce que j’ai appris à l’accueillir. J’ai une attitude différente parce que j’ai décidé de l’accueillir comme une amie. Cette vieille amie de la famille qu’on ne prend pas beaucoup de plaisir à voir, mais qui fait partie de notre vie.L’idée, c’est de l’accueillir, de la laisser rentrer dans sa maison, de la laisser s’asseoir à notre table et de commencer à discuter avec elle. C’est en créant une relation avec elle, qu’on peut commencer à la rassurer.

Désormais, quand j’entends l’anxiété parler en moi, je l’écoute avec attention. Et je lui réponds intérieurement :  « Ok, je vois ce que tu as à me dire . Tu as raison, je dois faire attention à ça. Maintenant, tu peux te rassurer tout va bien ». 

J’ai pris conscience que répéter ces phrases-clés, du type : « Je gère », « Tu peux être rassurée », « Tout va bien», fait redescendre l’anxiété en moi. Cela m’aide à avoir une relation saine avec cette anxiété qui transmet parfois des informations importantes. Mais je ne laisse plus entrer en moi cette vague de stress qui m’empêchait d’agir et d’avoir une bonne image de moi-même.

Aujourd’hui, je sais que je ne suis pas anxieuse. Ce n’est pas mon identité. Parfois, l’anxiété me rend visite.  En l’accueillant avec amour et en l’écoutant, elle finit par partir naturellement. D’ailleurs, elle revient de moins en moins souvent, parce qu’elle est rassurée. Je mène une vie plus heureuse et épanouie en ayant une relation chaleureuse et conviviale avec cette partie de moi qui s’appelle « l’anxiété ».

J’espère que ce partage vous aura aidé à avoir un rapport plus sain avec votre anxiété et à mieux la gérer.