Elodie Beaucent : « Aujourd’hui je reçois Antoine, coach sportif. Mon coach sportif pour la pratique du RPM. Nous venons d’ailleurs de faire une super séance de vélo ! Nous nous sommes bien dépensés et nous avons bien transpirés ! Antoine a un parcours spécifique qui va vous intéresser et qui va vous montrer comment retrouver la motivation pour le sport. »
« Ta vie n’a pas été un long fleuve tranquille Antoine, que s’est-il passé dans ta vie et qu’est-ce qui te donne l’envie aujourd’hui de partager ta motivation ? Et pour commencer, quel est ton parcours ? »
Antoine Ebara : « J’ai un parcours atypique ! J’ai commencé dans le sport avec les arts martiaux, ensuite j’ai poursuivi avec la boxe anglaise. Je suis devenu boxeur professionnel, j’ai donc pratiqué à un très haut niveau, j’avais un entraineur, nous étions à Levallois. J’ai également été coaché par Monsieur Geoffroy. J’ai eu un beau parcours en boxe professionnelle. »
Elodie Beaucent : « Et là, il s’est passé un événement ? Quelque-chose ? Quoi ? »
Antoine Ebara : « J’étais arrivé au top niveau, je boxais en Championnat d’Europe, je m’approchais du gratin mondial et là j’ai eu un décollement de la rétine ! Ca a stoppé ma carrière ! »
Elodie Beaucent : « Un décollement de la rétine, c’est donc l’œil et c’est assez sévère ? »
Antoine Ebara : « Oui, c’est sévère ! C’est même radical ! Arrêt complet de ma carrière directement ! Nous sommes en France et en Europe on ne plaisante pas avec la sécurité des athlètes. »
« D’un coup, ma carrière s’arrête … j’étais en pleine ascension, j’avais la patate, j’étais hyper motivé ! Je mettais les gants avec Bruno et Christophe Girard, je m’entrainais avec Ike Quartey Bazooka … j’étais au top niveau, la Lamborghini de la boxe … et tout s’arrête en pleine force de l’âge.»
Elodie Beaucent : « Vraiment dur ! Et ensuite, tu as fais une dépression, c’est ça ? »
Antoine Ebara : « Ce fut un moment très difficile ! A cette époque, mes deux frères étaient en équipe de France de Taekwondo, mon autre frère boxeur pro, et mon quatrième frère jouait en CFA en pro. Et il y avait Thuram qui montait, … »
Elodie Beaucent : « Oui, je comprends. Tu voyais autour de toi, tes frères et d’autres qui réussissaient et toi tu te retrouvais à l’arrêt en te demandant ce que tu allais devenir »
Antoine Ebara : « Oui, et aussi : « Pourquoi-moi ? Pourquoi ça m’arrive à moi ? Pourquoi ça me tombe dessus ? » « Pourquoi m’empêcher de boxer ? »
Elodie Beaucent : « Que s’est-il passé ensuite ? Tu as eu un déclic ? »
Antoine Ebara : « En fait, quand j’étais à l’hôpital, j’étais à côté d’un monsieur qui suit tes vidéos. Il me consolait et me servais de l’eau, … mais ce monsieur était aveugle ! »
Elodie Beaucent : « Ce monsieur te sert de l’eau et te console et il est aveugle ??? »
Antoine Ebara : « Oui, il fait tout et parle normalement et tout, et moi je ne me rendais pas compte qu’il était aveugle »
Elodie Beaucent : « Tu ne t’en étais pas rendu compte ? »
Antoine Ebara : « Je ne l’ai même jamais su à ce moment-là. Le matin, il faisait des exercices de respiration, et moi je rigolais ! Quand on est jeune et boxeur, nous sommes dans un autre système … Il me parlait et me demandait à quoi servaient tous les arts martiaux … Par la suite, j’ai compris qu’il avait bien raison »
Elodie Beaucent : « C’est en voyant cet homme, que tu as retrouvé la motivation ? »
Antoine Ebara : «En voyant cet homme aveugle qui se battait, qui vivait normalement, qui a fait un atout de son handicap, … cette force qu’il a eue de faire de son handicap un atout … Oui, ça m’a donné envie de vivre ! »
« Mes grands frères qui étaient dans les arts martiaux, aussi. Mon frère Eugène qui était membre de l’équipe de France, m’a conseillé de faire des arts martiaux pour l’esprit et pour l’âme. Ca a été le déclic suprême pour moi »
Elodie Beaucent : « En observant, cet homme aveugle, à l’hôpital, qui pratiquait des arts martiaux, qui gérait bien la douleur et ses émotions, tu as retrouvé de la force et tu t’es dit que nous avions une chance énorme d’être en vie »
Antoine Ebara : « J’étais jeune et malgré ce qui m’arrivait, j’avais quand même la santé. J’ai eu cette chance de pouvoir choisir, j’ai eu la chance d’avoir l’opportunité d’avoir le choix, d’avoir ce choix-là »
« Il y a des gens qui n’ont pas le choix, qui n’ont pas l’opportunité d’avoir le choix, moi je l’ai eu. Et j’ai compris que nous avions l’opportunité de choisir notre destin à chaque moment de la vie. »
Elodie Beaucent : « C’est un grand secret, Antoine ! Nous avons la chance de choisir notre destin ! Pour la plupart d’entre-nous, nous avons la chance d’avoir nos deux jambes, nos deux bras et une santé suffisante pour refaire du sport. Il est donc primordial de commencer par se reconnecter à cette chance-là »
Antoine Ebara : « Se reconnecter et relativiser, se dire qu’il y a plus malheureux que nous. Il y a des personnes qui sont vraiment en grande difficulté, des enfants aussi et tous ces gens, eux, ils se battent ! »
« Quand j’étais encore à l’hôpital, tout le monde me demandait ce que je faisais-là. Un champion de Paris, d’Île de France, favori des petits tournois et tout ça … qui se retrouve propulsé dans un hôpital où il y a de nombreuses personnes âgées. Les gens étaient tristes pour moi, ils me disaient que je deviendrais plus fort suite à cette expérience, mais moi, je ne les croyais pas. Ils me disaient que ce n’était pas un handicap, que ça allait devenir un atout terrible car j’allais me servir de mes autres sens, que j’allais sentir les choses, que j’allais découvrir la kinesthésique, ce qui veut dire sentir, anticiper les choses. Que j’aurais une prise de conscience, que mettre ses autres sens en éveil ça se développe avec soi-même, sur soi-même. »
« Et donc, j’ai fais de ce handicap, un point fort ! »
Elodie Beaucent : « Honorer la chance que nous avons dans la vie »
Antoine Ebara : « Honorer cette chance-là, pour eux, pour ces gens qui se battent, pour les enfants ! J’ai vu des enfants qui veulent vivre, qui veulent sortir, aller à l’extérieur, … . Moi-même quand j’ai perdu la vue, beaucoup de gens ne le savent pas, j’ai eu de l’atropine dans les yeux et pendant 3 à 4 semaines j’étais aveugle des deux yeux »
« Pour tout ces gens-là, je me bats ! Je dois donner ! Je dois honorer ! J’ai cette chance-là et pour eux, nous devons nous battre »
Elodie Beaucent : « Se battre, se lever le matin, avancer, penser à la chance que nous avons et honorer toutes ces personnes qui développent leurs forces au quotidien pour s’en sortir ! »
Antoine Ebara : « Il y a des gens qui n’ont pas le choix ou qui sont nés comme ça. Moi, j’ai la chance d’avoir mes deux yeux depuis que je suis né. »
« Je suis né à 6 mois et demi au Congo, j’étais donc prématuré drépanocytaire, je n’étais pas du tout destiné à devenir boxeur professionnel ni à faire carrière dans les arts martiaux comme le taekwondo, le karaté, etc. Je suis le petit dernier et j’ai toujours été protégé dans ma famille. Ma mère, dès que je suis né, à lutté pour garder son petit »
Elodie Beaucent : «Les conseils que nous pouvons donc donner sont : gardez l’envie, gardez la motivation, gardez la chance qui vous est offerte, honorez cette chance que vous avez d’être en vie et d’être en mesure de faire du sport ! Ca vous reboostera et vous donnera l’envie d’aller encore plus loin »
« Où peut-on avoir plus d’infos sur toi, Antoine ? »
Antoine Ebara : « J’ai une site Internet, Self-Défense Académie. C’est en fait une page facebook qui donne des indications sur tous les arts martiaux que je pratique »
Elodie Beaucent : « Arts martiaux avec Antoine, coaching, cours particuliers, cours pour les enfants et pour les adultes, c’est ce qu’Antoine vous propose »
« Merci beaucoup Antoine, pour ce précieux conseil. Quant à moi, je vous dis à très bientôt pour de futurs conseils nutritions. Et surtout, n’oubliez pas : vous méritez d’être bien dans votre assiette ! »
« Je laisse le mot de la fin à Antoine avec ces termes qu’il adore dire souvent … »
Antoine Ebara : « Merci Elodie, il s’agit des mots AMOUR et PARTAGE et aussi FORCE et PAIX »
« Nous ne sommes fort que si nous sommes en paix, donc nous allons développer cette force et lorsque les gens sont en paix, ils retrouvent le calme »
![]()
Laisser un commentaire