On connaissait les végétariens et les végétaliens mais arrivent depuis quelques années les flexitariens. Les flexita…quoi j’ai pas compris ?! Les flexitariens ! A vos souhaits !

Comme défini par le Petit Larousse (qui fait entrer le terme dans son vocabulaire en 2018), il s’agit d’un nom et d’un adjectif provenant de l’anglais flexible et vegetarian qui signifie « personne qui pratique le flexitarisme ». Et le flexitarisme alors qu’est-ce que c’est ? Selon le même dictionnaire le flexitarisme est un « mode d’alimentation principalement végétarien, mais incluant occasionnellement de la viande ou du poisson. » Vous avez compris ? On parle ici de rien de rigoriste mais plutôt d’une forme de souplesse dans l’alimentation. Les flexitariens sont des semi-végétariens. Regardons-y quand même de plus près.

Et si on reprenait au début

Si le terme apparaît aux États-Unis dès les années 2003, il arrive en France plus tard. On s’est habitués aux végétariens même s’il reste encore compliqué chez nous d’avouer que l’on ne mange pas de viande ni de poisson. Les réactions sont parfois mitigées quand carrément l’interlocuteur ne se met pas en tête de nous refaire manger de la viande. Quand même un bon steak ça ne se refuse pas, un barbecue avec les copains sans chipolatas ça n’existe pas, sans parler du poulet qui n’est pas vraiment de la viande. Véridique, j’ai testé pour vous. Le bon copain qui à chaque fois que je le voyais se faisait un devoir de me vanter le goût extra de son osso buco et de me promettre qu’un jour je reviendrais aux grillades parce que « faut manger, si tu manges pas de viande, tu manges quoi ? »

Alors imaginez ce que vivent les végétaliens, les vegans comme on dit aussi. Eux, c’est tout ce qui provient de l’animal qu’ils ne mangent plus. Adieu fromages, plats de viandes, sushis et autres réjouissances comme le miel et les œufs. Comment est-ce possible ? C’est un choix mûrement réfléchi je crois. Difficile de ne pas être dans la dérision ou pire le jugement négatif alors que pourtant en réalité on sait maintenant que l’on peut vivre et même survivre sans viande, laitage et poisson. Oui vraiment il paraît que c’est meilleur pour la santé.

Le flexitarisme, une mode ou une nouvelle hygiène de vie ?

Les flexitariens revendiquent un mode de vie plus en conscience et plus connecté à notre terre nourricière. On peut voir en eux des gens qui font preuve de souplesse dans leur alimentation en consommant néanmoins de la viande de temps en temps à condition de savoir d’où elle est issue et que les conditions d’élevage respectent l’animal qui finit dans l’assiette. C’est valable aussi pour les poissons. Le choix se pose entre élevage ou sauvage.  

Ils ne bannissent donc pas la consommation de produit d’origine animale mais prennent conscience des principes en accord avec la préservation de notre environnement et prônent le respect de notre monde.

Quand on sait que la production de viande est l’une des sources les plus importantes, avant même les transports, d’émission de gaz à effet de serre, on a des raisons de s’interroger sur notre consommation de bœuf notamment. Si on ajoute la déforestation qui a lieu par exemple au Brésil pour pouvoir faire pousser du soja et nourrir le bétail, alors on se rend compte qu’il y a une urgence à se prendre en main et à revoir notre manière de manger. Parlons aussi de l’eau nécessaire pour abreuver le cheptel. Et là encore on comprend qu’il y a de nombreuses conséquences néfastes pour notre environnement à vouloir absolument consommer de la viande de manière trop répétitive. Même si d’aucuns affirmeront que l’écologie est un courant de pensée qui ne concerne qu’une petite partie des gens, en fait c’est notre problème à tous. D’aujourd’hui et de demain. Alors manger moins souvent de la viande et des produits animaux c’est non seulement une affaire d’assiette individuelle mais aussi une prise de responsabilité éclairée, réfléchie et raisonnable envers notre planète.  

Les flexitariens tiennent également compte du label biologique car ce sont des consommateurs éveillés et qui veulent de la transparence quant aux modes de production. Si on réfléchit bien, on reconnaîtra aisément que notre sécurité alimentaire qui devrait primer est souvent mise en veilleuse. Produire plus pour vendre plus, tel est le crédo. Or on est loin du respect de la qualité dans ces conditions.  

Par ailleurs si des gens adoptent ce régime flexitarien, c’est aussi pour des raisons de santé. Des études ont été menées et ont montré qu’une consommation excessive de viande n’était pas bonne en terme de cancers (notamment du côlon et du pancréas), de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2. Toutefois il faut différencier viandes grasses et maigres, et charcuteries (pire que tout quand elles sont industrielles) car tous ces produits n’ont pas le même impact sur la santé ni le même apport calorique. De toute façon l’idée c’est de manger moins fréquemment de viande mais de meilleure qualité. Revenir à ce qui est bon et sain. Du jambon dopé aux antibiotiques est à proscrire. Un jambon fait dans les règles de l’art par l’éleveur local qui respecte et aime ses animaux, les élève plein sol et les nourrit sainement peut tout à fait être consommé.  

Plus qu’une mode, le flexitarisme concilie plaisir et santé, bonne chère et attention sur ce que l’on avale, raison et méfiance, responsabilité et saveurs. Moins contraignant pour certains que le végétarisme ou le végétalisme il est de plus en plus adopté par les Français.

Mise en pratique, on mange quoi alors ?

De toute façon, il faut bien savoir que même les végétariens et les végétaliens continuent de manger. On a tendance à l’oublier. Que l’on se rassure totalement avec les flexitariens puisqu’ils apparaissent moins rigoristes, prêts à manger des protéines animales. Et en France ce fait a son importance. La prochaine fois que vous prenez un repas hors de chez vous, pensez à regarder attentivement le menu et remarquez ce que l’on propose aux végétariens. Sans parler des végétaliens ! Un indice, vous verrez qu’à part des salades (et encore si on enlève les lardons, les blancs de poulet, le saumon, le fromage), des frites et du riz, des tartes aux légumes (dans le meilleur des cas et pour une poignée de restaurants), il ne reste pas grand chose à déguster.

Opter pour le flexitarisme c’est pouvoir manger de tout. Moins fréquemment des protéines animales mais quand même un peu. Des cartes de restaurant et des bouchers vantent des cochons de lait élevés sous la mère ou des morceaux de bœuf de choix, des poulets bios que vous pouvez évidemment inclure dans votre alimentation. Il en va de même pour les œufs, encore une fois à choisir absolument bio. Vous connaissez les petits numéros notés sur les œufs de 0 à 3. Privilégiez les œufs estampillés 0 (ils sont bio et les poules sont élevées en plein air) et éventuellement ceux avec le chiffre 1 (pas bio mais les poules ont passé leur vie en plein air, ce qui n’est pas un détail quand on s’intéresse de près aux conditions terribles d’élevage des volatiles de batterie).  

Les avantages du flexitarisme

  • C’est un régime alimentaire très facile à suivre. À condition d’avoir sous la main des commerces de bouche qui vendent des produits de qualité. Il est donc possible de se nourrir sans avoir à demander une alternative végétale, un peu différente d’une assiette de frites ou d’une salade essentiellement composée de tomates et de concombres souvent encore à moitié glacés.
  • Modifier son alimentation en mangeant moins de produits animaux, c’est s’offrir une meilleure santé. On n’a vraiment pas besoin de viande à chaque repas. Des campagnes de prévention et notamment dans les cantines de nos enfants voient le jour. En 2017, Greenpeace a alerté les pouvoirs publics sur la surconsommation de viande dans les cantines. De plus, il est très difficile de tracer l’origine de la viande servie dans les assiettes de nos bambins qui mangent donc trop de viande. En fait il est difficile de ne pas manger de viande en collectivités et trop peu nombreuses encore sont les alternatives. Quelques cantines commencent à servir un repas végétarien par semaine mais des efforts doivent être faits.

Vous me direz « alors on leur donne quoi à manger ? » C’est un fait, il faut savoir composer les repas de manière équilibrée et en veillant à ce que des carences ne s’installent pas. Une réflexion culinaire est à mener mais loin d’être impossible. Remplacer les protéines animales par des protéines végétales est une très bonne option. Et facile.

Par ailleurs on doit se souvenir qu’une alimentation à base de fruits, légumes, légumineuses, céréales et matières grasses végétales est un gage d’hygiène alimentaire saine.

  • Votre budget s’en trouve allégé. Manger moins de viande c’est en acheter moins. Vous me direz que les supermarchés proposent des morceaux de bœuf, des côtes de porcs, des cuisses de poulet pour quelques euros et qu’il est facile de consommer de la viande en dépensant peu. Mais je vous arrête tout de suite car la viande des grandes surfaces n’est pas du tout un gage de qualité et de bonne alimentation. Loin s’en faut. Alors l’idéal reste de privilégier peu de viande mais de la bonne. Celle que vous achèterez chez un boucher respectueux des modes de production, qui affichera l’origine de sa marchandise et pourra vous donner la traçabilité de ce qu’il vend. Mieux vaut dépenser une dizaine d’euros par semaine pour de la viande extra que 3 euros le kilo de poulet pour un produit dont on sait qu’il est gavé de conservateurs et autres antibiotiques, qu’il a été produit en batterie à la chaine et qui a en plus été source de souffrance animale.  

Des idées gourmandes pour remplacer la viande

Il est tout à fait possible de tirer les bénéfices des protéines animales sans pour autant en manger. Comment vous demandez-vous ? C’est simple, il y a quelques astuces à connaître et à mettre en place dans votre manière de cuisiner. On abandonne les aliments transformés, les plats industriels préparés et on se lance tranquillement dans des recettes maison. C’est parti !

  • Pensez à associer des légumineuses à une céréale. Concrètement prenez des haricots rouges, des lentilles ou des pois chiches et ajoutez du riz complet, de l’orge ou du quinoa par exemple. Pour les proportions il faut respecter 1/3 de légumineuses et 2/3 de céréales. A cette préparation ajoutez autant de légumes que vous le désirez. Vous aurez ainsi non seulement un bon apport de protéines mais aussi des fibres, des minéraux et des vitamines pour que votre organisme fonctionne bien. Une belle assiette à découvrir colorée et à déguster relevée d’un peu de fleur de sel, d’un trait de sauce soja ou d’une pincée de paprika.  
  • Très en vogue à un moment puis critiqué à cause des risques d’OGM présents dans sa production, le tofu de soja est une deuxième possibilité à condition de le choisir bio et de bien lire l’étiquette pour vous assurer qu’il est sans OGM justement. Il existe nature ou déjà un peu préparé, aux herbes ou au curry. Il se trouve facilement en magasin bio et même les grandes enseignes en vendent. Vous pouvez le faire cuire à la poêle avec un filet d’huile d’olive, quelques graines de sésame et en fin de cuisson ajoutez un soupçon de sauce soja. Il peut également s’inclure dans un plat en sauce. En fonction des épices que vous utilisez, des huiles et des condiments, vous lui donnerez une saveur particulière. Deux fois par semaine, vous avez un plat protéiné sans viande ni poisson ni œufs.
  • A base de soja vous trouverez également les protéines déshydratées de soja. Elles sont en vente en vrac dans des enseignes bio. Elles se présentent sous forme de petits morceaux qui ressemblent à des petits bouts d’éponge tout secs. Avant de les mélanger à un votre plat de légumes, il faut les réhydrater une bonne demi-heure dans de l’eau tiède. Puis ensuite elles peuvent être incorporées à un plat en sauce ou sautés avec des herbes aromatiques ou encore utilisées pour un hachis parmentier végétal avec une bonne purée de pommes de terre maison.
  • Peut-être avez-vous déjà vu en boutiques bio du tempeh. Qu’est-ce que cette drôle de chose ? Une protéine végétale à base de fèves de soja fermenté venant d’Indonésie. Son aspect n’est pas toujours attirant et pourtant il existe de multiples façons de le cuisiner et de l’accommoder pour régaler petits et grands. Pour le cuire, vous pouvez le faire revenir dans une huile de votre choix, par exemple de l’huile de sésame qui parfume délicieusement les plats, puis l’ajouter à une préparation comme un risotto au potiron ou un curry de légumes à la crème de coco. Il vous est tout à fait possible de le couper en morceaux, de le laisser une trentaine de minutes dans une marinade à base de cumin, d’ail et de miel puis de l’ajouter à une sauce que vous aurez préparée dans une casserole, par exemple une sauce tomate.

Que pensez-vous du flexitarisme ?

Avez-vous envie de modifier votre alimentation ? Sondez-vous et classez par ordre d’importance ce qui vous ferait tendre vers un régime flexitarien et même pourquoi pas végétarien à moyen terme ? Pour des raisons de santé individuelle ? Pour vous investir dans la protection de notre terre ? Par envie d’essayer quelque chose de nouveau dans une routine alimentaire parfois pesante et monotone ? Par désir de donner à vos enfants d’autres habitudes alimentaires pour leur futur ? Par désir d’appartenance à une communauté déjà présente et active ? Une myriade de raisons peuvent se présenter et certaines trouveront sûrement un écho spécifique en vous et la personne que vous êtes.

Remplacez vos habitudes, lâchez les plats industriels parfois pratiques mais pas très bons pour la santé, mettez de côté les produits d’origine animale, adoptez décontraction et créativité dans vos menus. En vous souhaitant bon appétit !

Julie, rédactrice